La revue « Exit ! Crise et critique de la société marchande » fondée en 2004, est une des principales revues d’approfondissement théorique de la mouvance « wertkritik ». Depuis bientôt dix ans, en rupture totale avec le monde universitaire, la revue fondée autour de Robert Kurz (1943-2012), Roswitha Scholz, Georg Gangl, Daniel Späth, Udo Winkel, Elmart Flatschart, Johannes Bareuther et Claus Peter Ortlieb, est au centre d'une refondation considérable de la critique de l'économie politique avec Marx, au-delà de Marx. Une refondation dans le sens d'une critique catégorielle du capitalisme, une critique du rapport-capital non plus du point de vue du travail, de la valeur, de l’argent et de l’Etat, mais à partir de la critique de ces mêmes catégories-formes capitalistes. Cette revue innerve des débats et des traductions aux quatre coins de la planète, et notamment en Allemagne, en Autriche, en Espagne, en Grèce, en France, en Italie, aux Etats-Unis, au Royaume-Uni et au Brésil.
Pour toute commande du n°11 et des numéros précédents : Horlemann Verlag
ISBN 978-3-89502-370-5
220 Seiten, broschiert
Erscheinungsjahr 2013
Prix : 13 euros
Correspondance :
Redaktion EXIT!
c/o Verein für kritische Gesellschaftswissenschaften
Seumestraße 8
10245 Berlin
Résumés des articles du n°11 (2013) de la revue Exit !
Roswitha Scholz
FEMINISME - CAPITALISME - ECONOMIE - CRISE
Depuis que la crise s’est aiguisée, dans la deuxième moitié des années 2000, la critique féministe de l’économie est de retour. Ce texte se place dans la perspective de la théorie de la dissociation-valeur et discute les points de départ de différents courants du féminisme qui se réfèrent à des analyses de Marx. On trouve au centre de celles-ci une conception de la « contradiction en procès » et de la limite interne du capitalisme, reformulée de manière féministe.On montrera que les théories concernées restent dans un cadre immanent réformiste. Ainsi, le « care » est posé comme un moment utopique, sans qu’on voie que la dimension de reproduction, connotée de manière « féminine », est depuis toujours inhérente au patriarcat, et qu’elle ne peut, pour cette raison, être simplement prolongée dans l’avenir, comme une utopie. La question du financement des activités de « care » n’est pas la dernière à se poser, si l’on sait que la masse absolue de survaleur fond, un fait qui pourtant reste finalement ignoré - même quand on sait ce qu’il en est. De même, ce texte met en évidence que les concepts de ce féminisme, même quand ils présentent une critique du travail et une dimension macro-économique, ne font pas vraiment rupture avec les principes du capitalisme patriarcal ; au lieu de cela, ce féminisme cherche des solutions conformes au capitalisme, alors même que l’effondrement du capitalisme - chose impensable il y a encore quelques années - devient une réalité. Dans leur principe, de telles réflexions féministes sont prêtes à admettre une gestion de la crise que constitue « l’effondrement du capitalisme » (Robert Kurz) qui, aujourd’hui, se voit de tous côtés.
Robert Kurz
KRISE ET CRITIQUE (2ème partie)
Dans cette seconde et dernière partie de ses inédits, qui sont une propédeutique pour la théorie des crises et la critique catégorielle, Robert Kurz s’attaque aux sujets suivants : la tentative de dénoncer la théorie radicale de la crise et en particulier ses représentants en la psychologisant ; l’accusation qu’il ne s’agirait que d’une critique moralisatrice qui prend en compte dans le capitalisme que son manque de capacité fonctionnelle ; le lien de la crise fondamentale et de l’émancipation sociale ; l’accusation prétendant que la critique de la dissociation-valeur fait du fétiche le créateur d’un monde de marionnettes ; et finalement la conception de la crise selon laquelle elle serait un simple rapport entre des volontés subjectives, qui n’aurait pas de fondement objectif dans les lois de la reproduction fétichiste.
JustIn Monday
LA DOUBLE NATURE DU RACISME
Ce texte a pour objet le lien du racisme avec la crise. La thèse qui y est développée, c’est que le racisme, tel qu’il existe aujourd’hui, présente deux tendances contradictoires. A côté d’images stéréotypées de l’étranger, il comprend aussi des images de soi qui inclut des affirmations sur la façon dont s’établit le rapport entre les individus et la société, ou la façon dont ce rapport devrait s’établir. Ces représentations présentent de grandes différences, que ce soit dans leur formation historique ou dans leur signification pour les sujets racistes. Et c’est pourquoi, pour établir ces différences, on cherche dans ce texte à éclaircir le lien que ces deux pôles ont avec le processus historique de crise que la valeur imprime à la socialisation. Car les racistes ont beau affirmer leur droit au libre-arbitre, leur situation ne leur permet pas de penser ce qu’ils veulent. Avec l’histoire des crises, le racisme n’a pas changé seulement dans ses contenus, il a aussi changé le rapport que ces contenus entretiennent avec la forme des relations sociales. On voit ce changement, non seulement en analysant les principales images et théories racistes, mais encore en analysant les problèmes que les différentes variantes des réactions antiracistes ont entraîné, et entraînent encore.
Daniel Späth
CRITIQUE FORMELLE ET IDEOLOGIQUE DES PREMIERS SYSTEMES DE HEGEL (1ère partie)
Il s’agit de la première partie d’un texte réparti sur ce numéro de EXIT ! et sur le numéro suivant, et qui se donne comme tâche de destituer Hegel du statut éminent qu’il a aujourd’hui dans les théories de l’extrême-gauche. Ce statut - c’est la thèse qu’on présente - repose sur une manière de voir qui nie la rupture catégorielle qui a lieu entre Hegel et Marx, et qui, au lieu de cela, présente la critique radicale comme une simple continuation des figures hegeliennes de la pensée. Sa puissance subversive résiderait prétendument dans l’accentuation de sa pensée, et celle-ci n’aurait, dans un mouvement matérialiste, qu’à être remise sur ses pieds. La thèse de cet essai sera démontrée dans une deuxième partie, qui soumettra à une critique formelle et idéologique les premiers systèmes de Hegel, y compris la Phénoménologie de l’Esprit. La première partie, ici présentée, examine les premiers écrits sur la religion et l’antisionisme qui s’y manifeste, en particulier dans l’Esprit du judaisme.On se demandera pourquoi il y a un antisionisme chez Hegel : est-il une expression religieuse de la « théologie politique», ou est-il en réalité, à l’origine, la conséquence du « fétichisme de la politique » bourgeois ?