Rencontre le mercredi 5 février à 19h45
Auteurs : Anselm Jappe, William Morris - Éditeur : Le passager clandestin
Rencontre-débat en présence d'Anselm Jappe - au CICP (21 ter rue Voltaire, Paris XIe) dès 19h45.
Présentation de la soirée par l'éditeur * :
Le passager clandestin poursuit le travail de redécouverte de William Morris qu'il avait entrepris en 2010 avec « Comment nous pourrions vivre », en publiant deux conférences du socialiste anglais, dont la seconde était jusque-là inédite en français ; « Travail utile et vaine besogne », et « Des origines des arts décoratifs », prononcées en 1884 et 1886 et réunies ici sous le titre « La civilisation et le travail », avec une préface d'Anselm Jappe.
Designer textile, imprimeur, écrivain, peintre, architecte… William Morris (1834-1896) considérait l'ordre social capitaliste et le système technique comme les deux sources principales et convergentes du malheur moderne. Dans ces deux conférences, il instruit le procès des logiques d'exploitation et de gaspillage de ce qu'il nomme la « civilisation ».
Aux tâches répétitives et dépourvues de sens et à la consommation de pacotilles inhérentes au productivisme capitaliste - ces « fardeaux que nous avons coutume, aujourd'hui, d'appeler richesses » -, Morris oppose une vision du travail héritée des arts populaires, où l'artisan, maître de tous les aspects de son art, connaît à la fois un repos abondant, le plaisir créatif et la satisfaction de faire œuvre utile à la communauté.
Avec une acuité qui nous laisse stupéfaits quand nous le lisons 130 ans plus tard, William Morris critique les conditions du travail dans les usines, les formes artistiques créées par le capitalisme, la publicité (qui était encore à ses tout premiers débuts !), la production des faux besoins et désirs, l'esprit de concurrence universelle... En visionnaire, il montre que le travail moderne n'est exécuté qu'en vue de l'accumulation de cette richesse abstraite qu'est la valeur ; et note, avec une perspicacité rare à son époque, les effets désastreux de la domination de la nature sur la nature même ! D'autres aspects de sa pensée encore étonneront par leur actualité, que ce soit sa polémique contre la restauration des bâtiments du passé et la destruction du patrimoine architectural au nom de sa sauvegarde, sa méfiance envers les « experts », son rejet de l'État et de la politique...
Une invitation vigoureuse et profonde à repenser le travail !
Source : http://www.librairie-quilombo.org/La-civlisat...
Note :
* Il va sans dire que cette présentation de l'éditeur et sa naïve « invitation vigoureuse et profonde à repenser le travail », ne correspond sur ce dernier point en rien au contenu de la préface rédigée pour cet ouvrage par Anselm Jappe, puisque pour la mouvance « Wertkritik » il s'agit plutôt de frapper au coeur de la synthèse sociale capitaliste constituée par le travail (dans sa double nature) : abolir le travail en tant que tel, et non opposer le côté concret au côté abstrait du travail. Il ne s'agit donc en rien d'affirmer positivement le « travail artisanal », le « travail relocalisé » (à la sauce des décroissants qui défendent le plein emploi !), le « travail autogéré », le « travail marginal » (déjà critiquer par Jean-Pierre Baudet) ou le travail « désindustrialisé » (proposition de l'Encyclopédie des Nuisances), c'est-à-dire tout type de force productive. Nous renvoyons le lecteur curieux qui veut se libérer des poncifs éculés sur la « réappropriation du travail » à la rubique de ce site : Textes contre le travail (Note de Palim Psao).