Lors de cette rencontre, Denis et Steeve, membres du collectif « Quelques ennemis du meilleur des mondes », présenteront le bulletin « Sortir de l’économie » (disponible en ligne ici) et plus particulièrement le recueil publié récemment aux éditions Le Pas de Coté, de certains textes extraits du bulletin revus et augmentés pour l'occasion (voir ici).
Lieu :
A la Soupe aux choux, au dessus du restaurant Le Guillotin, place Gordaine à Bourges, à 21 h.
Il sera de la sorte question de revenir sur le contexte qui a mené à la création du bulletin, du positionnement initial de ses auteurs ainsi que de son évolution. Bien sûr, ce sera également l’opportunité de présenter quelques textes et surtout les idées fortes qui les structurent.
Quatrième de couverture :
Du moment que je franchis le seuil de l'atelier, du bureau, du magasin, du chantier, d'une salle de classe, de l'université, je ne m'appartiens plus. Je suis la chose, c'est-à-dire le simple rouage d'une interdépendance générale, d'abord nationale et maintenant de plus en plus mondiale. Je suis le support, l'appendice, le fonctionnaire du sujet-automate qu'est le capital. Ma religion m'ordonne de travailler afin de m'échanger, c'est-à-dire d'échanger ma force de vie contre un salaire, une retraite, de l'argent au noir, ou une allocation chômage, et ce dès l'école et jusqu'à la mort ; de travailler à la lumière du soleil et à la lumière du néon, de travailler le jour et la nuit, de travailler sur terre, sous terre et sur mer, et bientôt même dans l'espace et dans le monde de l'infiniment petit ; de travailler partout et toujours. Toute ma vie éveillée est aspirée, colonisée et dévorée par ce Moloch du travail, si bien que je perds ma vie à vouloir la gagner.
SOMMAIRE
- Le monde de l'économie tel qu'il n'est jamais allé.
- Sur l'invention grecque du mot " économie " chez Xénophon : critique d'une supercherie étymologique moderne.
- Le religion de l'économie. Le catéchisme des adeptes de la croissance économique raconté par ceux qui le subissent.
- Du supermarché à la tombe. Le transport maritime conteneurisé, épine dorsale de la société économique mondialisée.
- Existe-t-il une économie à visage humain ?
- Vivre ensemble à côté de l'économie ?
- De la souffrance au travail à sa réhabilitation ?
- Le sabotage comme sortie de l'économie.
Présentation de l'éditeur :
Face à la « crise » omniprésente qui caractérise notre époque, de timides discours indignés préconisent taxation des flux financiers, redistribution fordiste, régulation étatique, relance de la consommation, revenu inconditionnel… Ces bonnes intentions inoffensives nous cantonnent à une remise en cause superficielle des excès du libéralisme et nous maintiennent à perpétuité dans le ventre de la baleine économique. Bien loin de ces atermoiements, quelques ennemis du meilleur des mondes fomentent une critique radicale qui secoue nos esprits endormis, saturés d’économisme. Il ne s’agit pas ici de remplacer une « mauvaise économie » par une « bonne », « alternative », « à visage humain ». Il s’agit d’arrêter de croire à cette religion de l’économie. De sortir de notre condition de rouages mutilés et interdépendants. De gripper la mégamachine qui nous broie.
« En 68 il y avait ce tag dans l’amphi de la Sorbonne qui résumait bien toute la perspective de l’économisme révolutionnaire qui voulait simplement un nouveau partage du gâteau, alors que c’est la recette et le cuisinier qu’il fallait défenestrer: « On ne revendiquera rien, on ne demandera rien ! On prendra, on occupera ! » Aujourd’hui ce serait plutôt : « On ne revendiquera rien, on ne demandera rien ! On désamarrera, on s’auto-organisera ! » Il faut faire en sorte que nous n’ayons plus besoin de l’économie dans chacun de nos actes et moments existentiels, et notamment en faisant circuler dans les liens qui nous rassemblent, les réalisations de la vie autrement qu’au travers des catégories du travail, de la valeur et de l’argent. L’idée sera toujours de s’arranger pour avoir le moins possible à faire avec cette machinerie sociale, de sorte que nos vies n’apparaissent plus sur les tableaux de bord des économistes et des gestionnaires. »
Ces quelques ennemis du meilleur des mondes publient le bulletin Sortir de l’économie depuis 2007. Leurs travaux singuliers s’appuient sur la critique de la valeur (Wertkritik), l’anthropologie et la réflexion anti-industrielle.