Face à l'ampleur des manifestations qui ont lieu depuis quelques semaines en Tunisie, le régime de Ben Ali semble incapable de répondre autrement que par la répression. Plusieurs morts, des centaines de blessés et les arrestations d'opposants dévoilent le vrai visage de la politique tunisienne : un régime autoritaire et répressif tenu par une oligarchie mafieuse (1). Les partis et médias étrangers complices du régime n'arrivent même plus à convaincre qui que ce soit avec l'argument selon lequel Ben Ali serait l'ultime rempart contre l'intégrisme.
Ce régime vit ses dernières heures et c'est très bien ainsi. Même si le président tunisien a réussi à anéantir toute opposition politique durant son règne, la contestation actuelle laisse espérer un changement positif pour toutes celles et ceux qui étouffaient sous cette dictature.
La répartition des richesses et l'arrêt de la censure systématique sont au cœur des revendications du peuple tunisien. Pour autant, la question de l'émancipation sociale par le dépassement des catégories capitalistes peut-elle trouver un écho dans la lutte des « non-rentables » du système tunisiens et algériens ?
La logique qui met toute une partie de la population tunisienne dans une situation de misère car étant considérée comme « non-rentable » est la même qui produit le chômage en France, saccage la nature, prive des paysans de leurs terres, contamine l'agriculture et l'alimentation, détruit les rapports sociaux...
La société marchande et sa logique folle sont moribondes et il s'agit pour l'humanité de ne pas se laisser emmener dans sa course vers l'autodestruction. Le capitalisme ne traverse pas une crise passagère comme essaient de nous faire croire les analystes mais est lui-même la crise qui arrive à son stade final. Il faut parvenir à dépasser ce qui est traditionnellement admis comme des vérités transhistoriques en critiquant la marchandise, le travail et l'argent qui sont des formes fétichistes spécifiquement capitalistes. C'est la bonne nouvelle qu'il s'agit de diffuser : le capitalisme n'est pas la fin de l'histoire mais son dépassement est la fin de la préhistoire.
Évidemment, le dépassement du capitalisme n'est pas au centre de la révolte tunisienne. Il y est question de donner à chacun des moyens pour vivre dignement. Dés lors, dans le contexte actuel, comment critiquer le travail alors même que se faire exploiter devient un « privilège » ? Il faut pourtant que s'opère le double mouvement qui consiste à la fois en une lutte pour l'amélioration des conditions de vie et à la fois le développement d'une critique radicale de la logique marchande. Si ce n'est pas le cas, on verra d'autres Ben Ali prendre les commandes d'un système qui favorise la corruption et l'exploitation de classe.
Non rentables de tous pays, finissez-en !
Jérémy
Origine : site Critique de la valeur
(1) cf "Notre ami Ben Ali, l'envers du miracle tunisien" Nicolas beau (édition la decouverte) ou cette article du site Nawaat de tunisie