Ci dessous la communication du philosophe Gérard Briche aux " journées critiques " du 18-20 mars 2010 à l'université Lyon II :
C’est dans l’article publié en 1868 sous le titre " L’Art philosophique " , que Baudelaire a cette formule : « Tout art doit se suffire à lui-même. » Cet article, publié donc de manière posthume (Baudelaire est mort en 1867), a été longtemps porté par son auteur – au moins depuis 1857. Il constituait une pièce maîtresse de la réflexion de l’auteur sur l’art de son temps. Cette réflexion a été suscitée entre autres par le véritable choc esthétique qu’a constitué l’Exposition universelle de 1855. Cette exposition, la première qui a eu lieu à Paris2 (après celle de Londres de 1851), a fait l’objet d’un article important, qui permettait à Baudelaire d’exposer pour la première fois sa vision du progrès, et de la société moderne.
Cette Exposition était héritière de la tradition des salons de l’Académie royale de peinture et de sculpture. Mais surtout de leur renouveau quand, à partir de 1799, à l’initiative du ministre François de Neufchâteau, on les organisa conjointement à une « exposition publique annuelle des produits de l’industrie française », ce qui donna donc, quelques années plus tard, l’Exposition universelle. Bref, l’Industrie avait alors sa place aux côtés de l’Art, et il n’est pas indifférent de noter que cette Exposition devait avoir lieu à la date anniversaire de lafondation de la République.
Si l’on peut légitimement regarder l’abolition des privilèges, instaurée par la Révolution française, comme l’abolition de la soustraction d’une partie de la puissance de travail disponible (en l’occurrence, celle incarnée par la noblesse) à sa valorisation capitaliste, et l’encouragement à l’investissement capitaliste, il est logique que cette généralisation de la valorisation capitaliste ait été célébrée en même temps que cette Révolution (le 1° vendémiaire, soit le 21 septembre). L’extraordinaire croissance des richesses qui caractérise le XIX° siècle est ainsi le résultat du déchaînement des forces productives sous la domination sans partage de la valeur. Même si parler de croissance des richesses sous-entend l’assimilation fallacieuse de ce qui est la richesse réelle et de ce qui est la richesse capitalisable. A ce titre, le XIX° est vraiment le début de notre modernité, pour laquelle la richesse, c’est l’argent.
Pour lire la suite :
Voir le Fichier : A_propos_du_mot_de_Baudelaire_Tout_art_doit_se_suffire_a_lui_meme_Gerard_Briche.pdf
D'autres textes de Gérard Briche :
- Le spectacle comme illusion et réalité : Guy Debord et la critique de la valeur
- L'origine de l'homme est encore devant nous.
- Pourquoi la crise s'aggrave : la croissance ne crée pas de la richesse, mais de la pauvreté (2009)
C’est dans l’article publié en 1868 sous le titre " L’Art philosophique " , que Baudelaire a cette formule : « Tout art doit se suffire à lui-même. » Cet article, publié donc de manière posthume (Baudelaire est mort en 1867), a été longtemps porté par son auteur – au moins depuis 1857. Il constituait une pièce maîtresse de la réflexion de l’auteur sur l’art de son temps. Cette réflexion a été suscitée entre autres par le véritable choc esthétique qu’a constitué l’Exposition universelle de 1855. Cette exposition, la première qui a eu lieu à Paris2 (après celle de Londres de 1851), a fait l’objet d’un article important, qui permettait à Baudelaire d’exposer pour la première fois sa vision du progrès, et de la société moderne.
Cette Exposition était héritière de la tradition des salons de l’Académie royale de peinture et de sculpture. Mais surtout de leur renouveau quand, à partir de 1799, à l’initiative du ministre François de Neufchâteau, on les organisa conjointement à une « exposition publique annuelle des produits de l’industrie française », ce qui donna donc, quelques années plus tard, l’Exposition universelle. Bref, l’Industrie avait alors sa place aux côtés de l’Art, et il n’est pas indifférent de noter que cette Exposition devait avoir lieu à la date anniversaire de lafondation de la République.
Si l’on peut légitimement regarder l’abolition des privilèges, instaurée par la Révolution française, comme l’abolition de la soustraction d’une partie de la puissance de travail disponible (en l’occurrence, celle incarnée par la noblesse) à sa valorisation capitaliste, et l’encouragement à l’investissement capitaliste, il est logique que cette généralisation de la valorisation capitaliste ait été célébrée en même temps que cette Révolution (le 1° vendémiaire, soit le 21 septembre). L’extraordinaire croissance des richesses qui caractérise le XIX° siècle est ainsi le résultat du déchaînement des forces productives sous la domination sans partage de la valeur. Même si parler de croissance des richesses sous-entend l’assimilation fallacieuse de ce qui est la richesse réelle et de ce qui est la richesse capitalisable. A ce titre, le XIX° est vraiment le début de notre modernité, pour laquelle la richesse, c’est l’argent.
Pour lire la suite :
Voir le Fichier : A_propos_du_mot_de_Baudelaire_Tout_art_doit_se_suffire_a_lui_meme_Gerard_Briche.pdf
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