« … à chacun selon ses besoins. », c’était, au temps de Marx, l’une des formulations du communisme.
Cette formulation a du sens, dans la mesure où elle désigne le communisme comme la situation où on produit pour satisfaire les besoins des hommes, et non pour créer de la valeur capitalisable. La « critique de la valeur » fonde sa critique radicale du travail sur le fait que justement, le travail se divise en création de biens satisfaisant des besoins, et de création de valeur capitalisable. Cette « double création » définit le travail qui donc, n’existe en tant que tel que dans un système capitaliste. La création qui n’a pour objectif que de satisfaire des besoins n’est pas du travail.
Mais qu’en est-il de ces besoins ? Contrairement à ce qu’affirme Abraham Maslow qui a élaboré une « pyramide des besoins », aucun besoin humain n’est naturel, tous les besoins humains sont modelés culturellement (en quoi l’homme n’est pas un animal). Ainsi, écrit Marx dans les Grundrisse, « la faim qui se satisfait avec de la viande cuite est une autre faim que celle qui avale de la chair crue » (tome I, page 26).
Par ailleurs, le mouvement d’émancipation fait lui-même naître des besoins dont le capitalisme n’a pas idée et qu’il ne pourrait de toute façon pas satisfaire (voir Marx encore, et Debord aussi).
La question des besoins est donc une question fondamentale, dont nous pourrons discuter dans une causerie…
Le mercredi 10 octobre à 18h30 au Café citoyen, 7 place du marché aux chevaux. 59000 Lille.
Quelques pistes bibliographiques possibles :
- Gérard Briche, « Aliénation et besoins : Perspectives d'une émancipation humaine ».
- Jean Baudrillard a écrit un texte très important sur le sujet, librement consultable : « Au-delà de la valeur d'usage » (publié dans « Pour une critique de l'économie politique du signe »).
- Kornelia Hafner a publié en allemand, un texte passionnant, « Le fétichisme de la valeur d'usage », qui n'est toujours pas traduit en Français, mais que l'on peut retrouver librement dans le fichier suivant. Traduction bienvenue ! (comme Robert Kurz, Anselm Jappe aborde également les apports de ce texte dans son livre « Les Aventures de la marchandise », Denoël, 2003).
- Elève de Georg Lukacs, la philosophe marxiste hongroise Agnès Heller a publié en France un ouvrage précis sur la question : « La théorie des besoins chez Marx » (10-18, 1978), que l'on retrouve en occasion.
- La question de la critique de la théorie des besoins est également abordée dans deux textes du n°4 de la revue « Sortir de l'économie » : dans « Critique du substantivisme économique de Karl Polanyi » et dans « Qu'est-ce que la ''production'' ? Historicité d'un concept ».
- Bruno Astarian a abordé la question des besoins, de la production sans productivité, de la communisation des rapports sociaux, dans la 3ème partie très recommandable de son texte « Activité de crise et communisation ».