Avec une postface inédite de Ernst Lohoff pour la deuxième édition 2024
Traduit de l’allemand par Paul Braun et Vincent Roulet
Editions Crise & Critique
Disponible en librairie en France, Suisse et Belgique ou en commande depuis le site des éditions Crise & Critique (frais de port gratuits pour tous les continents)
Présentation
Qui porte la responsabilité de l’inflation galopante et de la crise économique depuis 2008 ? Les « banquiers cupides » ou les États criblés de dettes ? Pour Ernst Lohoff et Norbert Trenkle, rien n’est plus naïf et dangereux que de croire en la légende du coup de poignard dans le dos d’une « économie réelle » saine, sacrifiée à la cupidité de quelques banquiers et spéculateurs. Ces réponses superficielles masquent une vérité plus profonde. L’expansion vertigineuse des marchés financiers depuis quarante ans découle d’une crise structurelle du capitalisme, enracinée dans les années 1970. La Troisième Révolution industrielle a accéléré l’éviction de la force de travail, privant la production de profits et érodant les bases de la valorisation du capital au sein de l’« économie réelle ». Cette crise n’a été différée qu’en recourant massivement au crédit et à la spéculation, capturant par anticipation la valeur future. Après les crises de 2008 et du Covid-19, l’effondrement a été évité uniquement grâce à l’intervention massive des États et des banques centrales.
Cette analyse novatrice, détaillant l’histoire et les transformations du capitalisme depuis le XIXe siècle, s’appuie sur une lecture de la théorie marxienne et de son concept de « capital fictif », défiant la récente « renaissance de Marx ». Ici, Marx n’est pas simplement le théoricien de la lutte des classes, mais celui qui a élaboré une critique radicale d’une société basée sur la production de marchandises, destinée à buter sur ses propres contradictions.
Les auteurs
Ernst Lohoff (1960) et Norbert Trenkle (1959) sont membres de la rédaction de Krisis-Beiträge zur Kritik der Warengesellschaft, une revue emblématique de la Critique de la valeur. Ce courant international élabore une critique radicale du capitalisme fondée sur une relecture novatrice de Marx, à contre-courant du marxisme traditionnel. Il ont fait paraître de nombreux essais théoriques dans la revue Jaggernaut et plusieurs ouvrages, tels que L’Exhumation des dieux. Avec Robert Kurz, ils ont également cosigné le Manifeste contre le travail.
Table des matières
Introduction
PREMIERE PARTIE
Les limites de la valorisation du capital à l’ère de la troisième révolution industrielle
1. L’autocontradiction interne du capital
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La production pour la production
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La course à la productivité et la sape de la production de valeur
2. Le bref « âge d’or » du capitalisme
2.1. La pénétration du monde par le capitalisme lors du boom fordiste de l’après-guerre
2.2 Survaleur relative et extension absolue de la base de la valeur
2.3 Les limites du boom fordiste et la fin de Bretton Woods
2.4 Le choc pétrolier et ses conséquences
3. Le capital sans emploi : La crise structurelle des années 1970
3.1 Suraccumulation et « cycles longs »
3.2 La troisième révolution industrielle s’ébauche
3.3 Le grand échec du keynianisme
3.4 Le sursis néolibéral à la crise
4. Le travail sans valeur : la poussée des forces productives lors de la troisième révolution industrielle
4.1 L’illusion d’un capitalisme de services
4.2 Comment la révolution de la productivité est rendue invisible
4.3 L’indice hédonique des prix et ses frères
4.4 Les véritables dimensions de la troisième révolution industrielle
4.5 Travail de masse sans valeur
5. Les limites de la production de valeur
DEUXIEME PARTIE
La logique du capital fictif
1. Les marchés financiers – Centre et point aveugle des interprétations de la crise
1.1 Le regard antinomique porté par la théorie économique sur l’industrie financière
1.2 Les deux secteurs du cosmos de la marchandise
1.3 Avec Marx au-delà de Marx
2. La forme élémentaire de la richesse de l’industrie financière
2.1 La double valeur d’usage de l’argent
2.2 Le capital fictif ou le doublement du capital-argent à travers le partage de sa valeur d’usage
2.3 Le caractère fétiche des marchandises d’ordre 2
2.4 Le fétiche capital et le marxisme traditionnel
2.5 La croissance de l’économie réelle induite par l’extension de la production de titres de propriété
2.6 La transformation du médium argent en capital fictif
2.7 Le lien – hautement élastique et indéchirable – entre les deux secteurs du cosmos de la marchandise
TROISIEME PARTIE
Le déploiement historique du capital fictif
1. Un appendice de la valorisation du capital : le capital fictif à l’ère de la révolution industrielle
1.1 La traite comme forme prédominante du capital fictif – la préhistoire du capital fictif
1.2 L’avènement du capital financier : l’anticipation de la production de valeur future au sein du secteur privé
2. La locomotive du boom de l’après guerre : le capital fictif à l’ère du fordisme
2.1 La révolution keynésienne
2.2 Fonctionnement et limites du programme de croissance keynésien
2.3 La dissolution de l’ordre fordiste-keynésien dans les années 1970
3. L’ajournement de la crise et le renforcement de son potentiel : le capital fictif et son temps
3.1 De la crise du fordisme au boom de l’industrie financière
3.2 La révolution néolibérale et l’installation du capitalisme inversé
3.3 Le grand prodige et son prix : l’économie de casino et ses spécificités
3.4 L’époque du capital fictif comme contradiction interne globale en procès
3.5 La limite logique
Épilogue : Cette société est trop riche pour le capitalisme !
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Postface à la deuxième édition 2024 - par Ernst Lohoff
Bibliographie
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Voir également le dossier de textes autour de la réception en Allemagne et en France du livre La Grande dévalorisation dans le numéro 5 de la revue Jaggernaut.