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Gris est l'arbre de la vie, verte est la théorie
Le problème de la pratique comme éternelle critique tronquée du capitalisme et l’histoire des gauches
Robert Kurz
Traduit de l'allemand par Sandrine Aumercier
Editions Crise & Critique - 17 euros - 182 pages
ISBN : 978-2-490831-19-7
Hobo-diffusion/Makassar distribution
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Les ruines inhabitables de la subjectivité occidentale ne requièrent pas le décorateur intellectuel au goût exquis, mais le grutier et sa boule de destruction
Robert Kurz
« Grise, mon ami, est toute théorie, vert est l’arbre d’or de la vie. » C’est en renversant cette célèbre formule du Faust de Goethe, que Robert Kurz redéfinit les termes d’une question classique ‒ « À quoi sert, en pratique, la théorie ? » et critique tant l’impatience activiste quant au devenir-pratique immédiat de la théorie, que la pseudo-activité dans laquelle s’enferme cette volonté d’agir. Mettant en évidence que la fausse unité de la théorie et de la pratique continue de se mouvoir dans l’enveloppe du patriarcat producteur de marchandises, l’auteur prend ainsi le contrepied du marxisme traditionnel qui a fait une lecture non critique de la onzième des Thèses sur Feuerbach selon laquelle « les philosophes n’ont fait qu’interpréter le monde de différentes manières, ce qui importe c’est de le transformer », alors que Marx ne considérait pas la « transformation du monde » comme s’il s’agissait d’un mode d’emploi à appliquer.
S’appuyant sur Adorno tout en le dépassant, l’auteur déploie une vaste contre-histoire des débats qui ont jalonné le « problème de la praxis » et sa relation à la théorie chez les penseurs et mouvements de gauche : Horkheimer, Bloch, Gramsci, Anderson, Foucault, Althusser, Negri, Tronti, Holloway, Debord, les marxismes d’État, les mouvements de libération nationale et la gauche postmoderne et post-opéraïste. Le renouvellement du concept de « pratique théorique » permet d’aiguiser une théorie critique qui ne se réduise pas à une interprétation immanente de la réalité capitaliste, mais qui la dépasse en direction d’une critique catégorielle, c’est-à-dire qui remonte à la constitution fétichiste de la modernité capitaliste.
Table des matières
1. Malaise dans la théorie
2. Adorno, les exigences tronquées de la pratique et la « pseudo-activité »
3. « Pratique théorique » et interprétation-réelle capitaliste
4. Traitement de la contradiction et « pratique idéologique »
5. Le capitalisme comme transformation du monde : critique affirmative et critique catégorielle
6. Théorie de la structure et théorie de l’action
7. « Modernisation de rattrapage » et postulat d’une « unité indissociable » de la théorie et de la pratique
8. La raison instrumentale
9. Le tournant théorique de l’action. Le marxisme occidental et la « philosophie de la praxis »
10. « Marxisme structuraliste » et politisme de la théorie de l’action
11. Le pendule de Foucault. Du marxisme de parti à l’idéologie de mouvement
12. Le retour du « sujet ». Métaphysique des droits de l’homme et fausse autonomie
13. « Nous sommes tout » : Misère du (post-)opéraïsme
14. De la capitulation de l’idéologie mouvementiste autoréférentielle à un nouveau concept de la « pratique théorique »
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