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Refoulement originaire et accumulation primitive

par Sandrine Aumercier

Le texte suivant est une version écrite du séminaire « Psychanalyse et Capitalisme » qui s’est tenu le 9 avril 2022 au Café Plume, Warthestr. 60, 12051 Berlin.

« Nous sommes donc fondés à admettre un refoulement originaire, une première phase du refoulement, qui consiste en ceci que le représentant psychique (représentant-représentation) de la pulsion se voit refuser la prise en charge dans le conscient. Avec lui se produit une fixation ; le représentant correspondant subsiste, à partir de là, de façon inaltérable et la pulsion demeure liée à lui. C’est là une conséquence des propriétés des processus inconscients, dont nous parlerons ailleurs. Le deuxième stade du refoulement, le refoulement proprement dit, concerne les rejetons psychiques du représentant refoulé, ou bien de telles chaînes de pensées qui, venant d’ailleurs, se trouvent être entrées en relation associative avec lui. Du fait de cette relation, ces représentations connaissent le même destin que le refoulé originaire. Le refoulement proprement dit est donc un refoulé après-coup. (…) Influencés par l’étude des psychonévroses, qui nous révèle les effets importants du refoulement, nous sommes enclins à surestimer leur contenu psychologique et nous oublions trop facilement que le refoulement n’empêche pas le représentant de la pulsion de persister dans l’inconscient, de continuer à s’organiser, de former des rejetons et d’établir des liaisons. Le refoulement ne trouble en fait que la relation à un système psychique, celui du conscient. Il est d’autres choses encore que la psychanalyse peut nous montrer, et qui sont importantes pour comprendre les effets du refoulement dans les psychonévroses. Elle nous montre, par exemple, que le représentant de la pulsion connaît un développement moins perturbé et plus riche quand il est soustrait par le refoulement à l’influence consciente. Il prolifère alors, pour ainsi dire, dans l’obscurité, et trouve des formes d’expression extrêmes qui, une fois qu’elles sont traduites et présentées au névrosé, non seulement lui apparaissent nécessairement comme étrangères mais même l’effraient en lui fournissant l’image d’une force pulsionnelle extraordinaire et dangereuse. Cette force trompeuse de la pulsion est le produit d’un déploiement non inhibé dans le fantasme, et de la stase résultant d’une satisfaction frustrée. »

S. Freud, « Le refoulement », dans Métapsychologie, Gallimard 1968 [1915], p. 48-50.

« L’observation clinique nous oblige maintenant à décomposer ce que nous avons conçu jusqu’alors comme un tout ; elle nous montre, en effet, qu’il faut considérer, à côté de la représentation, quelque chose d’autre qui représente la pulsion et que ce quelque chose d’autre subit un destin du refoulement qui peut être tout à fait différent de celui de la représentation. Pour désigner cet autre élément du représentant psychique, le nom de quantum d’affect est admis ; il correspond à la pulsion, en tant qu’elle s’est détachée de la représentation et trouve une expression conforme à sa quantité dans des processus qui sont ressentis sous forme d’affects. »

S. Freud, « Le refoulement », dans Métapsychologie, Gallimard 1968 [1915], p. 55.

« Si nous prenons le cas du refoulement proprement dit (refoulement après-coup) et de la manière dont il agit sur les représentations préconscientes ou même déjà conscientes, alors le refoulement ne peut consister qu’en ceci : à la représentation est retirée l’investissement (pré)conscient, qui appartient au système Pcs. La représentation demeure ensuite désinvestie, ou bien elle reçoit un investissement de l’Ics, ou encore elle conserve l’investissement ics qu’elle avait déjà. (…) Mais ce processus de retrait de la libido ne suffit pas à rendre intelligible un autre caractère du refoulement. On ne voit pas pourquoi la représentation qui est restée investie ou qui a reçu un investissement provenant d’Ics ne tenterait pas à nouveau, forte de son investissement, de faire irruption dans le système Pcs. Dans ce cas, le retrait de la libido, portant sur celle-ci, devrait se répéter et le même jeu continuerait interminablement mais le résultat ne serait pas celui du refoulement. De même, le mécanisme dont nous parlons — retrait d’investissement préconscient — ferait défaut quand il s’agirait de nous fournir une présentation du refoulement originaire ; dans ce cas en effet, on a affaire à une représentation inconsciente qui n’a encore reçu aucun investissement du préconscient et qui ne peut donc pas non plus s’en voir retirer un. Nous avons donc besoin, ici, d’un autre processus qui, dans le premier cas, maintient le refoulement et, dans le second, a pour rôle de le constituer et de le faire durer ; nous ne pouvons le trouver qu’en admettant l’existence d’un contre-investissement par lequel le système Pcs se protège contre la poussée de la représentation inconsciente.  (…) C’est lui qui représente la dépense permanente d’un refoulement originaire, mais aussi qui garantit la permanence de celui-ci. Le contre-investissement est le seul mécanisme du refoulement originaire ; dans le refoulement proprement dit (refoulement après-coup), il s’y ajoute le retrait de l’investissement pcs. »

S. Freud, « L´Inconscient », dans Métapsychologie, Gallimard 1968 [1915], p. 87-89.

« L’argent ne s’est transformé en capital qu’à la fin du premier procès de production, qui avait pour résultat sa reproduction et la production nouvelle du surcapital I ; mais le surcapital I, pour sa part, n’est posé, n’est réalisé, comme surcapital qu’à partir du moment où il a produit du surcapital II, où donc les présuppositions de l’argent passant au stade de capital, qui sont encore en dehors du mouvement du capital effectif, ont disparu et où par conséquent le capital a, en fait, posé lui-même et suivant son essence immanente les conditions qui constituent son point de départ pour la production. […] Les conditions et les présuppositions du devenir, de la genèse du capital impliquent précisément qu’il ne soit pas encore mais qu’il devienne seulement ; elles disparaissent donc avec l’avènement du capital, avec le capital qui, partant de sa propre réalité, pose lui-même les conditions de sa réalisation. Si, par exemple, quand, tout au début, l’argent ou la valeur pour soi deviennent capital, on présuppose, du côté du capitaliste, une accumulation (p. ex. une économie réalisée sur les produits et valeurs créés par son propre travail, etc.) qu’il aurait accomplie en tant que non-capitaliste, si donc les présupposés de la transformation de l’argent en capital apparaissent comme des présupposés déjà donnés, extérieurs, de la genèse du capital, dès lors, le capital, dès qu’il est devenu capital, crée ses propres présupposés, à savoir la possession des conditions réelles de la création de valeurs nouvelles sans échange, par son propre procès de production. Ces présuppositions, qui apparaissaient à l’origine comme des conditions de son devenir et qui, par conséquent, ne pouvaient pas provenir de son action en tant que capital, apparaissent non pas comme des conditions de sa naissance, mais comme des résultats de son existence. Le capital ne part plus de présuppositions pour devenir, mais il est lui-même présupposé, et partant de lui-même, il crée lui-même les présupposés de sa conservation et de sa croissance. Par conséquent, les conditions qui ont précédé la création de surcapital I ou qui expriment le devenir du capital n’entrent pas dans la sphère du mode de production auquel le capital sert de présupposition. Il les a laissé derrière lui, comme autant de stades préliminaires de son devenir historique, de même que les processus par lesquels la Terre est passée du stade de mer de feu et de vapeurs à sa forme actuelle se situent au-delà de son existence de Terre achevée. Certes, il peut toujours naître des capitaux particuliers, p. ex. par thésaurisation. Mais c’est seulement par l’exploitation du travail que ce qui est thésaurisé sera transformé en capital. Les économistes bourgeois, qui considèrent le capital comme une forme de production éternelle et d’ordre naturel (non historique), tentent de le justifier en assimilant les conditions de son devenir aux conditions de sa réalisation actuelle, c.-à-d. en faisant passer les moments dans lesquels le capitaliste s’approprie encore en tant que non-capitaliste (parce qu’il n’est qu’en devenir) pour les conditions véritables où il s’approprie en tant que capitaliste. Ces tentatives d’apologie témoignent de leur mauvaise conscience et prouvent leur impuissance à concilier le mode d’appropriation du capital en tant que capital et les lois de propriété générales proclamées bien haut par la société du capital elle-même. »

K. Marx, Manuscrits de 1857-1858 dits « Grundrisse », Paris, Éd. Sociales, 2011, p. 420-21. 

« Les conditions objectives du travail vivant apparaissent comme des valeurs séparées de lui, devenues autonomes par rapport à la puissance de travail vivante dans son existence subjective, qui, face à elles, apparaît donc seulement comme valeur d’une autre espèce (distincte d’elles, non en tant que valeur, mais en tant que valeur d’usage). Cette séparation une fois supposée, le procès de production ne peut que produire de nouveau ces conditions, les reproduire et les reproduire à plus grande échelle. Les conditions objectives de la puissance de travail vivante sont présupposées comme existence autonome par rapport à elle, comme l’objectivité d’un sujet distinct de la puissance de travail vivante, et autonome par rapport à elle ; la reproduction et la valorisation, c.-à-d. l’élargissement de ces conditions objectives, est donc en même temps leur reproduction et production nouvelle en tant que richesse d’un sujet étranger indifférent et autonome par rapport à la puissance de travail. Ce qui est reproduit et nouvellement produit, c’est, non seulement l’existence de ces conditions objectives du travail vivant, mais leur existence en tant que valeurs autonomes, c.-à-d. appartenant à un sujet étranger, face à cette puissance de travail vivante. Aux conditions objectives est donc donné une existence subjective face à la puissance de travail vivante — du capital naît le capitaliste ; l’existence seulement subjective de la puissance de travail face à ses propres conditions lui confère, d’autre part, une forme qui n’est qu’indifférente, objective, par rapport à elles ; elle n’est qu’une valeur ayant une valeur d’usage particulière à côté des conditions propres de sa valorisation en tant que valeurs ayant une autre valeur d’usage. (…) Et le travail vivant lui-même apparaît comme étranger face à la puissance de travail vivante dont il est pourtant le travail, dont il exprime la vie propre, puisqu’il est cédé au capital contre du travail objectivé, contre le produit même du travail. La puissance de travail se comporte à l’égard du travail vivant comme à l’égard d’un étranger, et, si le capital voulait la payer sans la faire travailler, elle accepterait parfaitement ce marché. Son propre travail lui est donc aussi étranger — et cela vaut également pour l’orientation de ce travail — tout aussi étranger que le matériau et l’instrument. En conséquence, le produit lui apparaît comme une combinaison de matériau d’autrui, d’instrument d’autrui et de travail d’autrui — comme propriété d’autrui — et, après la production, elle se trouve simplement appauvrie des forces vives dépensées, mais doit par ailleurs recommencer la corvée en tant que puissance de travail simplement subjective, existant séparément de ses conditions d’existence. Reconnaître les produits comme étant ses produits et juger cette séparation d’avec les conditions de sa réalisation comme quelque chose d’inacceptable et d’imposé par la force, cela représente une immense conscience, qui est elle-même le produit du mode de production fondé sur le capital, et qui sonne le glas de son trépas de la même manière que, lorsque l’esclave a pris conscience qu’il ne pouvait être la propriété d’un tiers, a pris sa conscience de personne, l’esclavage n’a plus que vivoté artificiellement et a cessé de pouvoir perdurer comme base de la production. »

K. Marx, Manuscrits de 1857-1858 dits « Grundrisse », Paris, Éd. Sociales, 2011, p. 423-24. 


La pulsion est pour Freud toujours représentée : nous n’en avons aucun accès immédiat. Contrairement à certaines allégations anti-freudiennes, la pulsion, certes, est inscrite dans le corps, mais pour autant elle n’est ni biologique ni vitaliste. Elle suit selon Freud les chemins tortueux de la représentance. Elle est représentée dans des processus inconscients qui se divisent eux-mêmes en représentations inconscientes d’une part et en quantum d’affects d’autre part. Chacune de ces dimensions suit un destin autonome, dynamique et individuel et est soumise à des processus de refoulement secondaire. Ceux-ci produisent différents rejetons, dont par exemple les rêves et les symptômes soumis à l’analyse. Dans l’analyse des rêves et des symptômes, il est trompeur de prendre pour argent comptant les représentations et les affects manifestes, car les unes et les autres ont subi des recompositions. Freud nous dit également de ne pas se laisser tromper par la puissance de certains fantasmes qui ne sont eux aussi que des rejetons symptomatiques du refoulement de la pulsion, à laquelle une satisfaction a été refusée.

Freud se voit contraint de postuler un refoulement originaire. Celui-ci se présente dans le texte de Freud comme une nécessité logique : il vient expliquer que quelque chose « se voit refusé » de manière fondamentale. La formulation passive indique le caractère non conscient de ce processus. Il se produit, pourrait-on dire, sans sujet. Le refoulement originaire est « constitué » dit Freud par un contre-investissement qui en « garantit la permanence ». Ceci est, dit aussi Freud, « le seul mécanisme du refoulement originaire ». Nous avons donc un processus qui en même temps se passe à même le sujet, sans sujet, et qui est maintenu par un contre-investissement actif. Le refoulement originaire peut être dit constituer l’inconscient en tant que tel ; on peut même considérer qu’il serait abusif de le dire « inconscient » (au sens que Freud donne à l’analyse des processus inconscients) mais qu’il serait plus adéquat de le dire hors du système Cs-Ics. Il en est en quelque sorte l’extériorité ultime en même temps que le mécanisme de constitution de l’inconscient.

Il n’y a aucune attestation directe du refoulement originaire dans l’expérience. C’est pourquoi Freud dit de lui que « nous sommes fondés à l’admettre », mettant en série des observations cliniques avec des spéculations théoriques. En l’absence de cette hypothèse, certains phénomènes restent en effet inexpliqués. Il faudrait donc bien se garder ici d’essentialiser cette hypothèse, par exemple en lui cherchant une authentification biographique. Mais il ne faudrait pas non plus l’essentialiser, à l’inverse, en faisant d’elle un recours automatique et ineffable à tout ce que nous ne comprenons pas, bref, en la transformant en une sorte de métaphysique. La plus grande crainte de Freud était que ses écrits dits métapsychologiques soient compris en un sens métaphysique en raison de leur caractère spéculatif. Freud n’a jamais transformé l’hypothèse du refoulement originaire en discours autoréférentiel.

Pour la psychanalyse il existe ici deux risques majeurs d’essentialisme :

1/ l’un est de donner au refoulement originaire un contenu positif. Ce risque est inclus dans l’interprétation que lui donne Lacan en termes de « métaphore paternelle », ou « refoulement du signifiant phallique primordial », qui est aussi pour Lacan le signifiant du manque dans l´Autre instituant la chaîne signifiante comme telle. Lacan avait l’ambition de lui donner un contenu non sociologique ni familialiste, mais résolument logique. On peut comprendre cette avancée comme une tentative de rendre raison de l’organisation œdipienne elle-même, ce qui n’est pas prédestiné à signifier une justification essentialiste de l’ordre phallique. On retombe nécessairement dans cette plate justification si l’on identifie la métaphore paternelle soit avec le père lui-même, soit avec le « langage » absolutisé dans un éthos intemporel. Le langage est toujours logique d’un discours ; il ne peut être saisi pour Lacan qu’à même la structure d’un discours comme fait social ; il n’a pas d’existence « dans l’éther » ni « dans l’éternité ». Nous sommes selon Lacan historiquement sortis du « discours du maître » pour entrer dans le « discours capitaliste », ce qui impose d’analyser les rapports entre logique phallique et discours capitaliste d’une manière historicisée. Toute autre approche va noyer le poisson dans des considérations abstraites sur le langage ou la famille.

2/ l’autre risque est de conférer au refoulement originaire un caractère purement évanescent, de pousser la nécessité logique jusqu’à l’absurdité d’une affirmation obsessionnelle d’un « vide central de la chose » (expression tirée de Lacan). Souvent cette « solution » est convoquée contre les dérives psychologisantes de la psychanalyse., mais elle ne fait que recréer ailleurs le problème sous une forme inversée. Beaucoup de Lacaniens tentent de contourner cette difficulté en parlant d’un vide opératoire et non pas ontologique pour conserver son caractère fonctionnel-pragmatique à l’hypothèse fondatrice de l’inconscient. Toutefois, il s’agit avec Freud de quelque chose qui ne peut pas être affirmé, mais qui s’impose — malgré soi — à la théorisation rigoureuse des phénomènes empiriques. Autrement dit : il ne s’agit pas d’en faire un discours et c’est certainement la raison pour laquelle les mentions du refoulement originaire sont très rares chez Freud. Cela ressemble même à une idée incidente qu’on est obligé d’admettre au cours d’une réflexion et sûrement pas à un fondement solide ! Comme disait Freud à la même époque : « Je tiens à ce que l’on ne fabrique pas des théories, elles doivent nous tomber dessus dans la maison comme des invités inattendus, alors qu’on est occupé à des recherches de détail [1]. » Cette mise en garde vise à retenir le théoricien de sombrer dans un discours auto-référentiel destiné à satisfaire dans son dos un besoin ontologique et non les exigences propres d’un objet de recherche — qui sont toujours liées à une expérience empirique sans lui être identiques. Il suffit de lire l’œuvre de Freud pour comprendre qu’il ne tient pas ici une position vulgairement anti-théorique, mais qu’il développe une méthode par laquelle la théorie s’impose presque par mégarde devant la confrontation têtue aux faits de détail. La synthèse se fait elle-même, les rapports inapparents s’imposent à la théorie — mais ils ne sont pas immédiatement donnés, et ne peuvent donc pas être convoqués de manière immédiate ; en ce sens un résultat théorique ne devrait jamais être retourné en fondement théorique, mais rester le maillon d’un questionnement essentiellement évolutif. Le lien avec la réalité empirique joue ici non pas le rôle d’une authentification (imaginaire) de la théorie, mais plutôt le rôle de garde-fou. Car, en dernier ressort, nous sommes confrontés à des faits que nous voulons comprendre, et comme l’indique toute la psychanalyse, ce n’est jamais à partir des éléments manifestes que l’on peut ordonner des faits nouveaux. Afin de ne pas sombrer dans la mystification, le risque de la théorie est incontournable à condition de ne pas devenir une satisfaction philosophique de substitution pour ce qui n’est pas compris. Au sens de Freud on peut donc dire : la nécessité de la théorie s’impose à partir des faits, sans qu’elle doive devenir une fin en soi (comme les innombrables mantras de la tradition marxienne ou freudienne qui ont refoulé le moment de la découverte).

À partir de là, notre question doit être de réexaminer les raisons qui font que l’hypothèse du refoulement originaire s’impose à Freud (ainsi qu’à Lacan, par d’autres chemins) et de se demander si et quand elle s’impose aussi à nous-mêmes, sans considérer le résultat comme acquis. Nous avons toujours à reprendre à notre compte le chemin entier de certaines formulations théoriques, pour les soumettre à l’examen. Sans ce réquisit minimum, une théorie verse dans le délire (proximité aperçue par Freud dans Constructions en analyse) et, de plus, elle ne tire pas toute la conséquence de la psychanalyse elle-même qui exige précisément de mettre à l’épreuve nos propres théories. Rappelons que pour Freud nos théories sont toujours d’abord des théories sexuelles inconscientes, c’est-à-dire des théories au service… du refoulement.

Remarquons que le propre de l’hypothèse de Freud est d’aider à théoriser l’observation clinique, laquelle reste toujours le premier matériel. C’est une hypothèse qui doit donc conserver son caractère pragmatique si on veut rester dans l’esprit de Freud. Si le refoulement originaire n’est pas observable mais seulement postulé pour comprendre les processus du refoulement secondaire, on peut bien avec Ruth Menahem parler de « coup de force épistémologique ». Son sens nous est donné par la construction métapsychologique qui nécessite un moment « originaire » fondé en logique, en l’absence de toute vérification historique.

Le terme historique peut recouvrir une double acceptation biographique et culturelle. La succession événementielle a de longue date été critiquée dans la théorie de l´Histoire. La question de l’origine et de la causalité contraint de la sorte à un postulat logique. C’est là que Freud rencontre Marx à l’endroit le plus inattendu. Marx est en effet poussé, de son côté, à une construction similaire qui récuse toute installation progressive du capitalisme, de la même façon que l’hypothèse freudienne de l’inconscient doit prendre congé avec une théorie des « stades de développement » (qui prévaut encore dans la psychologie populaire et la simplification des catégories freudiennes).  Les « stades » sont chez Freud tout au plus des marqueurs logiques d’une constitution de la psyché, saisissables dans l’après-coup (c’est-à-dire dans l’actualité du transfert) à partir des trois points de vue topiques, dynamiques et économiques. Rien ne nous donne l’origine du sujet ni la clé de sa névrose. On est obligé de partir du matériel actuel et d’en provoquer activement la mise en acte dans le transfert : en ce sens, on fabrique du matériel, on crée les conditions artificielles de son surgissement.

C’est exactement le même mouvement qui conduit Marx — à rebours de sa propre théorie de la succession historique des modes de production, qui ouvre droit dans le marxisme traditionnel à une théorie développementiste et déterministe — de postuler ailleurs (comme si cette idée s’imposait à lui, au sens où le suggère Freud) une sorte d’auto-fondation rétroactive du capitalisme, qui n’a précisément rien à voir ni avec une explication par la succession imperturbable des modes de production, ni avec une explication par la formation de classes sociales. Ces phénomènes historiques existent, mais ils n’expliquent pas l’instauration du capitalisme. De même, il peut y avoir de la violence dans une famille ou même dans la société patriarcale en général, mais ce n’est pas encore ce qui va expliquer l’apparition de telle névrose particulière, qui doit, elle, pour sa part, remonter aux mécanismes individuels de traitement de cette violence : à savoir ce que le sujet en a fait.

C’est la fonction de la cause qui est ici complétement subvertie. Marx procède de même lorsqu’il prend congé d’une hypothèse historiciste qui correspond, en psychanalyse, au refus des explications psychologiques du développement du moi : car ce ne sont ni les traumatismes objectifs (dont la littérature psychologique est friande), ni les conflits familiaux qui déterminent le devenir subjectif : c’est bien plutôt la reprise qu’en fait le sujet lui-même dans un acte inconscient qui va constituer sa « vie psychique » et effacer à jamais le moment originel. Nous sommes alors condamnés à devoir l’inférer (logiquement) du matériel actuel, de la même façon que nous devons partir du capitalisme développé pour inférer, à rebours, et en dépliant ses catégories, l’histoire de son instauration. Des problèmes et des limites théoriques similaires se posent dans les deux cas.

Marx est confronté à une hypothèse qui ne permet plus de comprendre l’instauration du capitalisme comme la simple poursuite de modes d’accumulations antérieurs. Il y a un moment de rupture logico-historique dont la théorie doit rendre compte, bien qu’elle n’aura jamais accès au « matériel objectif » de cette rupture. (On a là l’un des motifs de contester la théorie du système-monde, qui tente d’expliquer le capitalisme par l’expansion commerciale, ainsi qu’un moyen d’éviter l’écueil psychologisant d’une compréhension du capitalisme à partir des seules intentions d’accumulation de la classe capitaliste.)  Marx décrit le mouvement rétroactif par lequel, à partir de conditions historiques qui n’étaient pas celles du capitalisme, le capital crée rétroactivement sa propre condition, puis enclenche un mouvement d’élargissement qui se fonde sur les présuppositions qu’il se donne à lui-même. Le capital « partant de sa propre réalité, pose lui-même les conditions de sa réalisation ». Il y a donc un avant et un après logiques, et non pas une gradation historique qui verrait émerger le capitalisme à partir de conditions précapitalistes qui en constitueraient le germe. Marx nomme « tentatives d’apologie » les théories bourgeoises qui confondent le moment de son instauration avec celui de son état réalisé (on retrouve cette confusion dans les tentatives actuelles de présenter l’accaparement de terres comme une sorte d’accumulation primitive). Or le capital, une fois posé et développé, continue de s’accaparer toutes sortes de choses, mais cela n’a rien à voir avec son moment d’instauration qui suppose un saut ontologique, ce que Freud essaye de cerner pour sa part avec le « refoulement originaire ». On a dans les deux cas le caractère similaire d’une idée incidente qui ne débouche pas sur une « grande théorie ». C’est seulement sur cette base que se constitue ce que Freud appelle « choix inconscient » à la faveur du refoulement secondaire, à savoir quelque chose qui est activement agi mais sans sujet et sans intention. Marx attribue pour sa part la confusion entre l’instauration du capitalisme et son état développé à l’autolégitimation bourgeoise (et sa « mauvaise conscience », dit-il aussi). Il nous manque ici un concept qui correspondrait, dans le domaine de l’instauration historique du capitalisme, à ce que Freud désigne de son côté comme « choix de la névrose ». La politique et ses différentes idéologies viennent du reste s’inscrire justement à cette place. Marx approche cette idée en parlant ici de mauvaise conscience pour désigner les théories économiques bourgeoises (à rapprocher des théories sexuelles infantiles de Freud) : une théorie économique bourgeoise serait une théorie qui ne veut rien savoir de sa propre dynamique d’instauration « refoulée ».

Cela ne signifie pas que les conditions précapitalistes n’ont pas existé et que le capital est historiquement tombé du ciel ex nihilo ; cela signifie que les conditions existantes n’étaient pas destinées par nature à devenir du capital ; elles ne l’expliquent pas. C’est le capital qui crée lui-même de manière rétroactive son propre fondement à partir des conditions existantes ; il s’empare de conditions non capitalistes et les transforme en capital, comme le sujet produit de la subjectivité à partir du non-sujet. Les conditions historiques sont des conditions nécessaires, mais elles ne constituent pas la cause. Le capital est à lui-même sa propre cause parce que, une fois présupposé, il se donne sa cause à lui-même et ne cesse de la confirmer et de l’élargir, comme le fait le sujet de l’inconscient.  

Marx décrit ici un mouvement d’instauration qui fait précéder le moment logique sur les conditions historiques — bien que les deux soient évidemment en rapport dialectique de récursivité. Il y a là une notion de l’historicité débarrassée du fatras historiciste et déterministe qui colle au marxisme depuis le début (tout comme la notion des stades du développement colle à la psychologie). « Du capital naît le capitaliste » : cette phrase va à l’encontre de la conception ordinaire qui ne voit jamais qu’un capitaliste en train de créer du capital et qui, par conséquent, cherche le capitaliste derrière le capital comme le psychologue cherche les « motivations » derrière l’individu.

Il se dessine donc une grande proximité avec les formulations freudiennes qui décrivent la constitution de la subjectivité à partir du non-sujet. Ces mêmes processus inconscients ne peuvent pas être compris comme la manifestation d’un déterminisme obscur, ni comme des forces monstrueuses qui agissent dans le sujet, contrairement à ce qu’on se représente habituellement. Cela, Freud le dit clairement, c’est plutôt la manière dont le sujet les perçoit. Le sujet de l’inconscient est agi, oui, mais il n’est pas possible de parler de sujet en ce sens sans la supposition corollaire d’un sujet capable de produire la propre cause de son désir (par exemple dans une psychanalyse). Sans l’actualisation du retour du refoulé, la notion de refoulement n’a finalement aucun sens. Elle n’a de sens que comme concept dynamique de quelque chose en train de produire sa cause de manière rétroactive. Les processus inconscients ne peuvent donc être méthodologiquement ressaisis qu’à partir de l’actuel en train de se déployer. Freud propose ainsi d’appeler « un processus ˝inconscient˝, s’il nous faut supposer qu’actuellement il est activé, bien qu’actuellement nous ne sachions rien de lui [2]. » C’est aussi ce que Marx va tenter de faire en partant logiquement de la marchandise dans le Capital : il dérive l’analyse des catégories du capital de sa catégorie la plus immédiate, celle de la marchandise. La marchandise est en effet le fait le plus simple posé devant nous, à partir duquel peuvent théoriquement se déployer les autres catégories. Mener ce déploiement à son terme signifie remonter à l’auto-constitution de sa cause : c’est ce que Marx appelle la critique de l’économie politique.  

Les conditions objectives précèdent donc, pour Marx, l’existence d’un sujet du capitalisme et se sont constituées dans son dos. Mais Marx va encore plus loin lorsqu’il écrit : « Aux conditions objectives est donc donné une existence subjective face à la puissance de travail vivante ». Car c’est désormais, face au travailleur individuel, un mouvement de valorisation qui se dresse de manière autonome et se dote d’une d’existence subjective que Marx appellera aussi « sujet automate » dans le Capital. Lorsque Marx parle ici de subjectivité, ce n’est donc ni celle du travailleur individuel, ni celle de la psychanalyse, c’est la subjectivité du processus objectif lui-même. Nous avons donc, avec Marx, une objectivité se comportant comme un sujet, alors que nous avons, avec Freud, un sujet qui s’appréhende comme un étranger dès qu’il est mis au défi de regarder en lui-même. Lisons ce que propose Freud : « Or, la psychanalyse n’exige rien, si ce n’est que ce procédé d’inférence [qui consiste à attribuer une conscience à autrui par analogie ou par identification] soit aussi appliqué à la personne propre, bien qu’assurément il n’existe pas de tendance constitutionnelle à le faire. Si l’on fait ce pas, il faut dire que tous les actes et toutes les manifestations que je remarque en moi et que je ne sais pas relier au reste de ma vie psychique doivent être jugés comme s’ils appartenaient à une autre personne et que l’on doit les expliquer en leur attribuant une vie psychique. L’expérience montre que si, dans le cas de la personne propre, on refuse de reconnaître certains actes comme psychiques, on s’entend fort bien à interpréter ces mêmes actes — c’est-à-dire à les intégrer à l’ensemble du psychisme — chez les autres [3]. » Le systématisme (de la pensée consciente) est donc le fait d’un attribut objectivant que Freud suggère de reprendre au compte de sa propre analyse pour précisément mettre ce systématisme à l’épreuve de sa conception spontanée. Freud ajoute que l’examen de cette hypothèse sur la personne propre conduit à dépasser l’inférence initiale — celle d’une attribution de conscience — en obligeant à admettre l’existence de processus psychiques inconscients. De manière remarquable, c’est l’examen de ses propres processus — et non de ceux d’autrui — qui conduit donc à poser l’hypothèse de l’inconscient, bien que cet examen ne puisse pas être réalisé sur le mode de l’introspection. Il ne peut l’être que sur le mode de l’ « association libre », c’est-à-dire d’une méthode qui à l’objectivation du sujet induite par l’inférence spontanée substitue la subjectivation de l’objet produit dans la parole.

Nous avons donc bien deux mouvements de méthode. L’un des mouvements, celui de Marx, nomme « sujet automate » le processus impersonnel de valorisation, par-delà ce qui apparaît immédiatement à l’individu comme contrainte objective : celui-ci se sent écrasé par des évolutions où il ne se reconnaît pas, bien qu’elles ne puissent se passer de sa contribution. L’autre mouvement, celui de Freud, restitue un sujet de l’inconscient aux processus psychiques également appréhendés par le sujet sur le mode de processus étrangers. Il y a dans les deux cas supposition de sujet qui contraint aussi de supposer que des processus involontaires peuvent se doter de leur propre cause. Comme on le voit, ces deux côtés, celui de Marx et celui de Freud, ne constituent à ce stade aucune identité d’objet. La subjectivation est uniquement d’ordre méthodologique ; elle est supposition en fonction. Sans cette supposition, nous avons des processus objectifs qui sont et resteront opaques à eux-mêmes et des attributions de volontés subjectives qui tentent de parer à cette opacité. Autrement dit, on tourne en rond entre un subjectivisme abstrait et un objectivisme abstrait qui excellent à se renforcer mutuellement.

Mais si Freud décrit la constitution psychique du sujet individuel, il manque assurément d’historiciser l’instauration d’un tel sujet « séparé de ses conditions d’existence » pour parler comme Marx. Toutes les tentatives historicistes de Freud — et elles sont nombreuses, preuve de sa préoccupation pour ce problème — se soldent par un culturalisme médiocre recourant à une histoire de l’espèce appuyée sur la théorie de la récapitulation onto-phylogénétique empruntée à Ernst Haeckel. Or la psychanalyse n’aurait pas pu voir le jour hors de cette séparation moderne et il est donc extrêmement curieux que les psychanalystes ne s’occupent jamais de la théoriser comme étant au fondement même de leur pratique. Il y a un blanc inexcusable à cet endroit.

Inversement, c’est faute des outils freudiens que Marx, après nous avoir si bien mis en garde contre la psychologisation du capitalisme, retombe lui-même dans ce travers. Lorsque Marx glorifie l’apparition, au sein du capitalisme, de cette « immense conscience » qui saura « reconnaître les produits comme étant ses produits et juger cette séparation d’avec les conditions de sa réalisation comme quelque chose d’inacceptable et d’imposé par la force », il réinstaure le sujet de la conscience qu’il avait contribué à critiquer juste avant. Il suppose ici, au sein de cette séparation, un sujet pour ainsi dire non contaminé par la forme sociale qui émergerait au sein de cette forme pour la renverser. Or un tel sujet est lui-même entièrement issu de cette séparation et de l’inversion réelle fétichiste, aussi il n’existe pas — du moins il n’existe pas en un sens positif ou programmatique. Il est d’ailleurs significatif que Marx attribue la fin de l’esclavage non pas à sa caducité dans les conditions objectives du capitalisme développé, mais à l’irruption d’une conscience émancipatrice ! Marx est ici clairement plus idéaliste que les philosophes qu’il a pourtant à juste raison critiqués.    

Cette double cécité — la marxienne et la freudienne — contribue à maintenir une fermeture théorique qui absolutise jusqu’à aujourd’hui des champs séparés par une ignorance réciproque. Les méthodes doivent au contraire affronter leur propre négativité pour remonter à l’objet commun de la modernité, lequel est supposé (logiquement, lui aussi) par la démarche critique elle-même. Un discours critique qui s’en tient à son pré carré, qui défend son territoire, ferait mieux d’aller ramasser des champignons que de s’adonner à la critique. Nous avons besoin de conjuguer la radicalité de plusieurs critiques pour tenter de mieux cerner l’objet de l’entreprise critique donné par la destructivité propre de la modernité.

Nous sommes maintenant au seuil d’une question irrésolue. En effet, la proximité de méthodes que l’on peut relever entre Marx et Freud, les conduisant tous deux à la nécessité d’une supposition sur l’auto-institution d’une cause, n’est pourtant pas une supposition symétrique. La symétrie apparente n’est due qu’à cette affinité de méthode et à l’apparente complémentarité d’une analyse qui part du fonctionnement social d’un côté et du fonctionnement individuel de l’autre. Cette symétrie n’est-elle pas plutôt la fausse symétrie que produit la disjonction sujet-objet propre à la science moderne et caractéristique de la synthèse sociale capitaliste ?  

Par-delà la fascination qu’exerce ce genre de rapprochement (et qui a fait son effet sur des générations de freudo-marxistes et de lacaniens marxisants), il convient de dépasser ici l’analogie descriptive. Il ne faut pas être grand clerc pour découvrir qu’à l’objectivité capitaliste correspond aussi son « sujet » adéquat et que la ressemblance entre les deux ne peut pas être que fortuite. Mais ce qu’il s’agirait justement d’expliquer, c’est dans quoi s’enracine ce qui conduit des objets de recherche aussi différents à une telle proximité de méthode. Car faute de traiter ce problème logique, on risque soit d’attribuer à l’objectivité sociale une action mécanique et toute-puissante sur la constitution de la subjectivité, soit au contraire d’attribuer au sujet de l’inconscient toute la responsabilité de l’être social alors qu’il n’en est finalement qu’un produit. Il y a bien ici deux fondements logiques découverts chacun séparément et en suivant une méthode négative par Marx (critique de l’économie politique) et par Freud (critique du sujet de la conscience). Comment ne pas voir qu’il y a là un double verrouillage qui organise aussi la constitution de discours étanches incapables de surmonter leur propre cloisonnement critique ? Les deux moments théoriques, obligés de fonder leur propre origine logique, découlent de la disjonction moderne entre sujet et objet, individu et société, corps et esprit — disjonction découverte ici par des instruments différents et qui exige, donc, une autre médiation logique capable d’amener la critique sur un socle catégoriel commun. Avec le maintien des cloisons théoriques, c’est la question même de la critique qui se pose : à quoi bon exercer la moindre pensée critique si ce n’est que pour reconduire le confort de la position qu’on occupe dans l’ordre social examiné ?

Sandrine Aumercier, 9 avril 2022,

est notamment l'autrice de Le Mur énegrétique du capital. Contribution  au problème des critères de dépassement du capitalisme du point de vue de la critique des technologies (Editions Crise & Critique, 2021). 

Ceci est une version écrite du séminaire « Psychanalyse et Capitalisme » qui s’est tenu le 9 avril 2022 au Café Plume, Warthestr. 60, 12051 Berlin.

Version en allemand (PDF)

SOURCE : Grundrisse. PSychanalyse et capitalisme


[1] Sigmund Freud — Sándor Ferenczi, Correspondance, t. 2, Paris, Calmann-Lévy, 1996, p. 86.

[2] Sigmund Freud, « La décomposition de la personnalité psychique », in Nouvelles conférences d’introduction à la psychanalyse, Gallimard, 1989 [1933], p. 98.

[3] Sigmund Freud, « L’Inconscient », dans Métapsychologie, Gallimard 1968 [1915], p. 71-72.

 

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