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- Agustín García Calvo, Apophtegmes sur le marxisme, Suivi de État et Capital vous invitent à leur mariage, Présenté par Anselm Jappe et Luis Andrés Bredlow (Parution le 11 février 2022)
- Robert Kurz, L’Etat n’est pas le sauveur suprême. Thèses pour une théorie critique de l’Etat (Parution 29 Avril 2022)
- Benoît Bohy-Bunel, Le Regard de la méduse. Réification et sujet moderne dans le capitalisme (Parution 13 Mai 2022)
- Ernst Lohoff, La Fin du prolétariat comme début de la révolution. Sur le lien logique entre théorie de la crise et théorie de la révolution (Parution le 31 mai 2022)
- Robert Kurz, Gris est l’arbre de la vie, verte est la théorie. Le problème de la praxis comme éternelle critique tronquée du capitalisme et l’histoire de la gauche (Parution 10 Juin 2022)
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Agustín García Calvo : Apophtegmes sur le marxisme Suivi de État et Capital vous invitent à leur mariage
Présenté par Anselm Jappe et Luis Andrés Bredlow
Collection Au cœur des ténèbres / 150 pages
Traduit de l’espagnol par Manuel Martinez
Parution le 11 février
Les enseignements de Marx ont souffert un destin d’atroce paradoxe : à partir de sa pensée, négation passionnée et lucide de l’État, du travail et de toute servitude humaine, s’est forgée l’idéologie brutale et policière qui légitima l’instauration d’un nouveau type d’État puissant et oppressif. Si rien n’est plus faux que de voir dans le cauchemar carcéral du « socialisme réel » la réalisation des « idées de Marx », nous devons néanmoins suspecter qu’il y avait déjà quelques éléments dans les écrits de Marx lui-même qui, sans le vouloir, admettait et préfigurait cela. Il ne s’agit pas seulement de discerner ce qui est vivant de ce qui est mort dans la pensée de Marx, mais de quelque chose de bien plus dramatique et vital : savoir ce qui est du côté de la vie et ce qui est du côté de la mort, autrement dit de l’État et du Capital et des nouvelles formes qu’au cours de leur développement historique ils ont acquises.
Présentés pour la première fois au public français par Luis Andrés Bredlow et Anselm Jappe dans une édition augmentée de deux articles (dénonçant les mécanismes d’assimilation de la rébellion et fustigeant la conception de la fin de l’histoire de Fukuyama), les Apophtegmes sur le marxisme mettent en lumière les points les plus essentiels où la pensée de Marx reste vive et opérante, mais aussi ceux où elle continue de servir à la rénovation des formes de domination de l’État. Anticipant la distinction entre un « Marx ésotérique » et un « Marx exotérique », Agustín García Calvo procède, avec une fidélité intransigeante à une dialectique marxienne et négative, à une attaque implacable des doctrines assimilées sous le nom de marxisme : le « matérialisme dialectique » et « historique », la réduction de la dialectique en Histoire, la valorisation positive du travail, l’illusion d’un État au service du peuple, la lutte de classe comme moteur de l’Histoire, mais aussi l’ineptie de vouloir supplanter le vieil antagonisme de classes par la lutte des « nations opprimées » ou par la libération des individus.
Agustín García Calvo (1926-2012) était un philologue, linguiste, poète, dramaturge et essayiste espagnol, maître de plusieurs générations d’incrédules et de rebelles. Professeur de philologie latine à l’université de Madrid, destitué en 1965 en raison de son appui au soulèvement étudiant, il vécut exilé à Paris de 1969 à 1976. De retour à Madrid après la mort du dictateur, il resta fidèle jusqu’à la fin à l’esprit rebelle des années 60, qu’il maintint dans une infatigable activité de conférencier et d’écrivain.
Robert Kurz : L’État n’est pas le sauveur suprême. Thèses pour une théorie critique de l’État
Traduit de l’allemand par Johannes Vogele
Collection Palim Psao / 220 pages
Parution le 29 avril 2022
Il est devenu banal de dire que Marx n’a pas laissé de théorie achevée de l’État et de la politique qui soit équivalente à sa critique de l’économie politique. Le Capital implique pourtant dès son sous-titre, la sphère politique et le fait étatique comme composantes essentielles du capitalisme. Néanmoins le développement des catégories économiques chez Marx reste incomplet précisément à cet égard. Le marxisme historiquement obsolète du mouvement ouvrier est aussi l’héritage, l’expression et la conséquence de ce déficit. Quant à la gauche socialiste, elle est devenue un simple appendice superflu du libéralisme économique après l’échec des modèles autoritaires de socialisme. Si son aile radicale a refusé de suivre cette évolution, l’incapacité à aborder les déficits de sa théorie de l’État conduit la plus grande partie de la gauche à ne concevoir une alternative aux atrocités de l’économie néolibérale que sous la forme d’un retour à un État keynésien. La nouvelle élaboration de la théorie critique n’est pas à la hauteur de sa prétention d’actualiser la critique radicale tant qu’elle se focalise sur les catégories économiques, sans inclure systématiquement leur relation avec l’État. Cela est d’autant plus vrai qu’en ce début du xxie siècle, les États, leurs banques centrales, leurs politiques climatiques et leurs appareils répressifs et de surveillance se déplacent à nouveau au centre des contradictions en raison de la nouvelle qualité de la crise fondamentale du capitalisme. L’extension de la critique de la valeur-dissociation à la théorie de l’État n’a donc que trop tardé.
Quelles relations lient intrinsèquement l’État moderne et le capitalisme ? En quoi peut-on dire que tout mouvement émancipateur conséquent ne saurait écarter de ses objectifs une dissolution de l’État ? Sans renoncer à une argumentation systématique, c’est sous la forme de thèses que Robert Kurz examine ces questions. Dans un style d’une efficacité saisissante, l’auteur passe en revue les principales pensées politiques tant fondatrices et apologétiques que critiques et oppositionnelles, et cherche à établir des fondements nouveaux pour une théorie critique de l’État. Le point de départ en est tout autant les limites de la critique anarchiste de l’État chez Bakounine, que la réflexion fragmentaire et conceptuellement incohérente de Marx et Engels, telle qu’elle apparaît dans la confrontation avec les partisans de Bakounine et à propos de la Commune de Paris. Ce sont alors les apories idéologiques et les distorsions de la théorie bourgeoise de l’État dans le contexte du développement capitaliste qui se trouvent abordées chez Hobbes, Rousseau, Hegel et Kant, mais aussi l’ensemble des processus d’étatisation des sociétés, d’instauration du sujet politique moderne, de surgissement de l’impérialisme et de la forme dictatoriale de l’État, et leur continuation dans les modernisations de rattrapage et le mouvement ouvrier. C’est enfin en faisant face à la croyance positive en l’État de la social-démocratie que l’auteur appelle à la constitution d’une gauche à la hauteur des enjeux du désastre.
Robert Kurz (1943-2012), est l’un des principaux théoriciens, de la « critique de la valeur », un courant international élaborant une critique radicale du capitalisme fondée sur une relecture novatrice de Marx, à contre-courant du marxisme traditionnel. Parmi ses ouvrages traduits : L’Effondrement de la modernisation (Crise & Critique, 2021), Raison sanglante (Crise & Critique, 2021), Vies et mort du capitalisme (Lignes, 2011), Lire Marx (Les Balustres, 2012), Impérialisme d’exclusion et état d’exception (Divergences, 2018), La substance du capital (L’Echappée, 2019), L’industrie culturelle au XXIe siècle. De l’actualité du concept d’Adorno et Horkheimer.
Benoît Bohy-Bunel: Le Regard de la méduse. Réification et sujet moderne dans le capitalisme
Préface d’Alastair Hemmens, l’auteur de Ne travaillez jamais. La critique du travail en France de Charles Fourier à Guy Debord
Collection Palim Psao / 280 pages
Parution le 31 mai 2022
À l’ère d’une crise majeure et multidimensionnelle des sociétés modernes, on ne peut plus refuser de nommer les choses qui nous écrasent. Le mot « capitalisme » souvent dénigré, et souvent mal compris, doit être urgemment analysé à nouveaux frais, afin de connaître et de combattre ce qui nous arrive.
Benoît Bohy-Bunel propose avec pédagogie et méthode une reconstruction de la critique marxienne du capitalisme, et expose ses implications contemporaines pour le XXIe siècle. Il s’agira d’examiner ce qui se trouve au cœur de la société contemporaine, le fétichisme de la marchandise et d’en faire la critique, ce qui induit la nécessité d’une dénaturalisation des catégories de base du capitalisme, vers le dépassement d’une société fondée sur une richesse abstraite.
Pour saisir la manière dont la valeur opère comme totalité brisée, il s’agit également d’examiner les structures de l’implication concrète des individus qui doivent se conformer à des comportements afin qu’ils soient reconnu comme « sujets ». Cela engage une réflexion sur la forme du sujet moderne, l’humanisme des Lumières, et le formalisme des sciences modernes. Cela implique aussi l’analyse d’une domination multidimensionnelle. Le sujet de la valeur, qui est un sujet masculin, occidental, blanc et valide, expulse hors de lui, à titre de « non-culture », tout ce qui n’est pas lui. Racisme, patriarcat, validisme et anthropocentrisme, induits par la forme-sujet excluante, sont indissociables du procès capitaliste. L’auteur tente de penser de façon catégorielle ces diverses manifestations du totalitarisme de la valeur.
Benoît Bohy-Bunel est philosophe et dramaturge. Il a fait paraître Symptômes contemporains du capitalisme spectaculaire. Actualités inactuelles (L’Harmattan, 2019), Contre Lordon. Anticapitalisme tronqué et spinozisme dans l’œuvre de Frédéric Lordon (Crise & Critique, 2021), et Approche matérialiste de la « Critique de la raison pure » (L’Harmattan, 2022).
Ernst Lohoff : La Fin du prolétariat comme début de la révolution. Sur le lien logique entre théorie de la crise et théorie de la révolution
Collection Au cœur des ténèbres / 100 pages
Traduit par Dyomède
Parution le 31 mai 2022
La reformulation d’une théorie de la révolution à la mesure de notre temps implique le démantèlement des schémas traditionnels de la théorie de la révolution. Les images de la fin du capital conçues par le marxisme traditionnel couvrent d’une épaisse peinture la logique interne et la structure de la critique marxienne du capitalisme et ferment hermétiquement l’accès à ses conclusions en termes de théorie de la révolution. Les contours d’une théorie contemporaine de la révolution ne se dessineront que lorsque nous aurons pénétré de façon critique ses prédécesseurs et que nous nous serons complètement libérés des habitudes de pensée bien établies concernant le sujet révolutionnaire.
La destruction de la forme bourgeoise n’est pas identique à l’émancipation du travail, mais à la libération du travail. La tâche d’une théorie révolutionnaire contemporaine est alors celle de séparer ce qui était mélangé, au lieu de répéter avec révérence notre bréviaire tiré des écrits des classiques. Si nous voulons nous en tenir à leur intention révolutionnaire, il n’y a pas d’autre moyen. La fausse unité de points de vue disparates rend la théorie marxienne, telle qu’elle nous a été transmise, inutilisable pour les besoins de notre époque. Dans l’œuvre de Marx, l’aspiration pompeuse à l’émancipation du travail salarié couvre la mélodie de la critique du fétichisme. Dans les schémas interprétatifs du marxisme, celle-ci est alors définitivement neutralisée et dégénère en une vague et obscure musique des sphères. Mais ce sont précisément ces tonalités apparemment mystiques qui constituent, à elles seules, de l’explosif pour notre réalité, apparemment incompréhensible, et qui sont en mesure non seulement de saisir la genèse d’un rapport complètement objectivé, mais aussi d’identifier et de tracer les lignes de fracture contenues dans ce processus d’objectivation. Seule la reprise de la critique de la valeur transforme la théorie marxienne de vieille ferraille en mèche d’une actualité brûlante.
Ernst Lohoff (1960-), est un activiste et théoricien allemand. Il est l’une des figures marquantes en Allemagne du groupe Krisis connu pour la parution du Manifeste contre le travail en 1999, dont Lohoff est l’un des co-auteurs.
Parmi ses ouvrages traduits en français : La Grande dévalorisation. Pourquoi la spécuation et la dette de l’Etat ne sont pas les causes de la crise (Post-éditions, 2014) ; Le Manifeste contre le travail (Léo Scheer, 10-18, Crise & Critique), L’Exhumation des dieux (Crise & Critique, 2021), avec Robert Kurz, Le Fétiche de la lutte des classes. Thèses pour une démythologisation du marxisme (Crise & Critique, 2021).
Robert Kurz : Gris est l’arbre de la vie, verte est la théorie. Le problème de la pratique comme éternelle critique tronquée du capitalisme et l’histoire des gauches
Collection Palim Psao / 250 pages
Traduit de l’allemand par Sandrine Aumercier
Parution le 10 juin 2022
« Grise, mon ami, est toute théorie, Mais vert est l’arbre d’or de la vie. » C’est en renversant de manière provocatrice cette célèbre formule du Faust de Goethe, que Robert Kurz engage une vaste histoire critique de l’impatience activiste, du « problème de la praxis » et de sa relation à la théorie chez les penseurs et les différents mouvements de gauche. C´est sur le mode de la tabula rasa que l´auteur réexamine entièrement le problème de la relation de la praxis et de la théorie, qu´il en ébranle les fondations classiques, redéfinit les termes et balaye les fausses oppositions. Et tout d’abord soumettre à la critique la fausse unité de la théorie et de la praxis pour mettre en évidence que l’urgence d’agir et le primat de la praxis révolutionnaire continuent inlassablement de se mouvoir à l’intérieur des catégories formelles du capitalisme. L’auteur prend alors le contrepied du marxisme de la lutte des classes qui a fait une lecture non critique de la onzième des « Thèses sur Feuerbach » selon laquelle « les philosophes n’ont fait qu’interpréter le monde de différentes manières, ce qui importe c’est de le transformer », alors que Marx ne considérait pas la « transformation du monde » comme s’il s’agissait d´un mode d´emploi à appliquer. Il s´agit d´aiguiser une théorie critique qui ne se réduise pas à une interprétation immanente de la réalité capitaliste, mais qui la dépasse en direction d´une critique catégorielle, c´est-à-dire qui remonte à la constitution fétichiste de la modernité capitaliste.
S´appuyant sur Horkheimer et Adorno tout en les dépassant, l’auteur dresse un large panorama des débats historiques qui ont jalonné la question de la praxis : l´opposition classique entre théories de la structure et théories de l´action, les marxismes du Tiers monde durant la décolonisation, le « marxisme occidental » et sa philosophie de la « praxis » chez Ernst Bloch, le marxisme structuraliste de Louis Althusser, mais aussi Michel Foucault et la pensée postmoderne, l´opéraïsme et le post-opéraïsme italien, notamment chez John Holloway, la Nouvelle lecture de Marx autour de Hans-Georg Backhaus et le situationnisme, qui ne firent qu´effleurer le cœur du problème.
Robert Kurz (1943-2012), est l’un des principaux théoriciens, de la « critique de la valeur », un courant international élaborant une critique radicale du capitalisme fondée sur une relecture novatrice de Marx, à contre-courant du marxisme traditionnel. Parmi ses ouvrages traduits : L’Effondrement de la modernisation (Crise & Critique, 2021), Raison sanglante (Crise & Critique, 2021), Vies et mort du capitalisme (Lignes, 2011), Lire Marx (Les Balustres, 2012), Impérialisme d’exclusion et état d’exception (Divergences, 2018), La substance du capital (L’Echappée, 2019), L’industrie culturelle au XXIe siècle. De l’actualité du concept d’Adorno et Horkheimer.
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