La nouvelle critique sociale et le problème des différences.
Inégalités, racisme, genre, antisémitisme et critique de la valeur-dissociation.
Autour d'un texte de Roswitha Scholz
Vendredi 27 mars, 19h
Cercle WAK-Toulouse
Pizzéria Belfort, 2 Rue Bertrand de Born, 31000 Toulouse
(possibilité de se restaurer sur place)
SOIREE ANNULEE
Au cours de la soirée, nous alternons autour du texte, passage par passage, la lecture et la discussion collectives afin de fourbir des armes théoriques et des analyses à la hauteur du scandale.
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Les années 1990 ont connu une large « culturalisation du social », c’est-à-dire que des problématiques sociales et économiques ont été fréquemment interprétées et abordées de façon culturaliste. Cela fut en particulier le cas dans les milieux post-moderne, postcolonial et féministe qui se tournaient alors de plus en plus vers des théories post-structuralistes. Ce tournant fut accompagné d’une hypostase, voire d’une ontologisation des « différences ». Ainsi, dans la gauche postcoloniale en général, tout emploi de « nous », même au sens de l’internationalisme classique, a été mis en doute. Les chicaneries sur les questions de langue et d’identité, telle la déconstruction de l’identité, en sont un aspect patent.
Mais entre-temps le vent a tourné. Déjà, depuis la deuxième moitié des années 1990, dans le sillage du processus de globalisation, de l’aggravation de la situation économique, de la réduction continuelle des prestations sociales, etc., des préoccupations lourdes – existentielles-sociales et économiques – reviennent au centre théorique et pratique de l’engagement de la critique sociale. Cela n’a pas fait disparaître le discours différentialiste, mais il a été relégué à l’arrière-plan. Ce n’est pas par hasard qu’ont émergé alors les discussions autour de la question « redistribution ou reconnaissance ? ».
Cela s’est toutefois accompagné d’une renaissance de la référence à la lutte des classes et donc d’une critique tronquée et superficielle du capitalisme, réduite sociologiquement à la question de la propriété juridique. Les dimensions du « sexisme » et du « racisme » qui furent au moins partiellement prises en compte depuis les années 1980 risquent d’y être à nouveau reléguées à l’arrière-plan.
Dans"La nouvelle critique sociale et le problème des différences", Roswitha Scholz, voudrait montrer comment, dans le contexte d’une nouvelle « critique sociale » allant au-delà d’un marxisme de classe traditionnel, il est possible d’aborder la « question sociale » et les disparités sociales, comme le genre et la « race », sur fond de tendances postmodernes à l’individualisation qui caractérisent l’ère de la globalisation.
Dans ce contexte, Scholz souhaite faire comprendre que la théorie de la valeur-dissociation n’est pas seulement adéquate à thématiser le rapport de genre asymétrique mais qu’elle peut aussi, à partir de la définition de la valeur-dissociation en tant que forme sociale fondamentale, analyser le racisme et l’antisémitisme ainsi que les disparités matérielles ; et ceci sans les traiter comme des contradictions secondaires – une objection entendue à l’occasion, lors de discussions orales.
Il s’agit donc pour Scholz de démontrer qu’une nouvelle critique sociale, au sens de la théorie de la valeur-dissociation qui n’ignore pas le problème des différences, ne doit nullement mener au dilemme obligeant à choisir l’un des deux côtés ; les problèmes de concept et de différenciation y coïncident sans pourtant être identiques.
En cela, Scholz part de l’idée que la question concernant les « différences » dans la postmodernité constitue un problème classique, par-delà les contextes conjoncturels internes à la recherche (de gauche), qui ne peut être traité en opposition à la « question sociale » au sens des disparités économiques.
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La causerie portera autour du texte de Roswitha Scholz, "La nouvelle critique sociale et le problème des différences. Disparités économiques, racisme et individualisation postmoderne. Quelques thèses au sujet de la valeur-dissociation à l'ère de la mondialisation" paru dans R. Scholz, Le Sexe du capitalisme. "Masculinité" et "féminité" comme piliers du patriarcat producteur de marchandises, Albi, Crise & Critique, 2019.
Chaque mois, dans l'atelier toulousain "WAK-Critique de la valeur-dissociation" nous alternons la lecture-discussion collective autour d'un chapitre de "La Substance du capital" de Robert Kurz (L'échappée, 2019) et du "Sexe du capitalisme" de Roswitha Scholz (Crise & Critique, 2019).