Dossier sur le populisme productif transversal
Gilets jaunes, etc., au prisme de la critique de la valeur-dissociation
Pour les un an du mouvement des Gilets jaunes, nous rassemblons ci-dessous l'ensemble de la bibliographie qui a été mobilisée pour saisir la nature et la dynamique de ce mouvement au prisme de la critique de la valeur-dissociation, loin de l’optimisme forcé, du dénigrement "révolutionnaire" de principe, comme du plaquage des grilles d'interprétation toutes faites du marxisme de classe traditionnel. Bibliographie :
- La gauche, les « gilets jaunes » et la crise de la forme-sujet. Notes au sujet d’un mouvement en cours (Clément Homs sur le site palim-psao.fr)
- La souffrance de la réification et le mouvement des gilets jaunes (Benoît Bohy-Bunel sur le site palim-psao.fr)
- Norbert Trenkle, Lutte sans classe. Pourquoi le prolétariat ne ressuscite pas dans le processus capitaliste de crise (dans le n°1 de Jaggernaut, Crise & Critique, 2019)
- Mark Loeffler, Populistes et parasites. Sur la logique des populismes productifs (dans le n°1 de Jaggernaut, Crise & Critique, 2019)
- Clément Homs, Les Chiens du peuple et du capital. Thèses sur les populismes de construction et de crise dans la dynamique du capitalisme (dans le n°1 de Jaggernaut, Crise & Critique, 2019)
- William Loveluck, Populisme économique. Néo-nationalisme et souverainisme de crise à l'ère de l'épuisement du capital fictif (dans le n°1 de Jaggernaut, Crise & Critique, 2019)
Dans le numéro 1 de la revue Jaggernaut en avril dernier (éditions Crise & Critique), certains auteurs ont saisi la nature de la subjectivation du mouvement des GJ, semblable à d'autres formes de mouvements sociaux/phénomènes politiques sur la planète, au travers de l'élaboration du concept de "populisme productif transversal". Un concept qui a d'abord été élaboré sur plusieurs niveaux distincts (niveaux socio-structurel, individuel et fondamental, c'est-à-dire sur le plan de la méta-logique générale de la valeur-dissociation au sens de Roswitha Scholz et Robert Kurz) ainsi qu'au travers de diverses dimensions historiques, sociologiques, subjectives et catégorielles du phénomène, comme sur le plan sous-jacent de la constitution historique et de la crise de la forme du sujet moderne, du processus objectif de crise globalisée et de l'aggravation des situations de précarisation matérielle qui s'en suit, de fin de la politique fonctionnelle ou encore des métamorphoses postmodernes du capitalisme restructuré en un "capitalisme inversé" (Lohoff) et de ses identités flexibles exigées.
On peut également renvoyer au visionnage de l'entretien ci-dessus de deux chercheurs (première partie) dont les études empiriques sur les GJ sont très congruentes avec le concept de populisme productif transversal.
Nous poursuivrons dans les prochains numéros de la revue l'élaboration de ce concept qui nous semble correspondre à une partie seulement du cycle de lutte au sein des nombreuses aires du capitalisme de crise. En poursuivre l'élaboration également en continuant à montrer que l'épuisement de cette subjectivation populiste productive et politiquement transversale - épuisement dans lequel l'intervention de la théorie critique (au sens d'une "grande théorie") a encore son mot à dire par son imperturbable négativité -, peut encore ouvrir, au travers de la non-identité des souffrances sociales infligées par le système producteur de marchandises, sur la possibilité d'une révolution comme rupture radicale avec l'ontologie capitaliste-patriarcale.
D'autres aires où les Etats sont faillis et la forme-sujet comme les formes-nation sont plus encore imprégnées par une décomposition post-politique, ne relèvent clairement pas de ce phénomène de populisme productif global, et la qualité de ce qui s'y passe doit être saisie sans violer sa particularité et sa spécificité (pour ces situations, cf. Kurz dans Impérialisme d'exclusion et état d'exception, éditions Divergence, 2018 et son concept de "guerre civile mondiale" sous lequel on ne peut pas subsumer la subjectivation spécifique des GJ français ; R. Scholz dans Le Sexe du capitalisme ou encore Lohoff et Trenkle sur le concept spécifique de religionnisme mais aussi les apports du philosophe brésilien Paulo Arantes résumés dans le n#1 de Jaggernaut par Fred Lyra). Le cycle des luttes immanentes dans leurs métamorphoses au-delà de la simple lutte des classes classique, prend lui-même des formes protéiformes en fonction des régions du monde.