L'État, cette horreur
Critique de l'État et critique de la valeur-dissociation
Mardi 5 février,
18h-20h
Bordeaux
Dans le cadre du festival Temps noirs organisé par Associo, OSBIV et TCEPA ?
1ère intervention :
Clément Homs : État, politique et nation, les faces hideuses de la société capitaliste-marchande
L’organisation des sociétés modernes dans lesquelles règne le mode de production capitaliste apparaît comme une gigantesque collection d’États et de nations, de lois et de constitutions, de contrats et de politiques publiques, de normes et de codes, d’élections et de référendums, d’appareils bureaucratiques et de collectivités locales, d’armées et de polices, de nasses et de nappes de gaz, d’assassinats, de guerres, de services secrets et de prisons. Et partout sur Terre, le fétiche-capital ampute et menace la vie en la reproduisant. Mais en dépit des bibliothèques entières qui leur ont été consacrées, ces formes sociales avec leur monde toxique d’usines et de clapiers, demeurent parmi les objets les plus mystérieux. Au-delà des querelles de gamelles politiques ou a-politiques, la sacralisation des formes étatiques et politiques reste la religion moderne la mieux partagée, y compris à gauche, chez certains gilets jaunes et dans l’anti-néolibéralisme altercapitaliste. La constitution de la totalité négative constituée par l'ensemble des relations de la « richesse abstraite » (la valeur) et sa matérialisation dans la dualité polaire État-marché, n'a jamais été conceptualisée en tant que telle. Ce manque de réflexion sur la totalité sociale négative explique un concept équivoque d’État et empêche d’entrevoir son véritable fondement. Il s'agit rien de moins que de penser à nouveaux frais, au-delà du marxisme traditionnel, politique et économie, Etat et marché, pouvoir et argent, planification et concurrence, état normal et état d'exception, travail et capital, comme inhérents à un système capitaliste fait de polarités dynamiques, où l'Etat et la politique forment plus particulièrement l'espace fonctionnel extra-économique et antagonique qui permet la reproduction prétendument sans friction, du processus de valorisation. Dès lors, comme l'avaient déjà annoncé l'anarchiste Gustav Landauer et le Manifeste contre le travail du groupe Krisis, la lutte contre le travail ne peut être assurément qu'une lutte anti-politique qui cherche à inscrire la transformation radicale des rapports sociaux dans la destruction même des formes de l'Etat, du droit et de la politique.
Lieu : Amphi Gintrac, Université Bordeaux Campus Victoire
Bibliographie :
Robert Kurz, Critique de la nation, de l'Etat, du droit, de la politique et de la démocratie
Robert Kurz, La fin de la politique
Anselm Jappe, La politique n'est pas la solution
Anselm Jappe, Politique sans politique
Groupe Krisis, La lutte contre le travail est une lutte antipolitique
Johannes Vogele, Essai d'une (auto)critique de la gauche politique, économique et alternative
Clément Homs, "La politique et l'économie : deux faces d'une même pièce" (dans J. Baschet, L. de Mattis, C. Homs, O. Scalzone, Misère de la politique, éditions Divergences, 2017)