Journées d'étude « Critique de la valeur »
5 et 6 décembre
Genève
Dans le cadre du séminaire Valeur(s), (é)valuation, valorisation, la dernière des quatre séances (jeudi 6 décembre), sera consacrée à la critique de la valeur telle qu’elle s’est développée dans le sillage de la théorie critique et d’une relecture inédite de la théorie marxiste. La « critique de la valeur » s’attache à l’examen des processus d’abstraction immanents au procès de valorisation capitaliste. A partir de discussions théoriques, mais aussi de recherches empiriques, nous cherchons à examiner ses apports pour une recherche sociologique sur la valeur et la valorisation.
Mercredi 5 décembre 2018 à 17h15
« Contre le travail, contre le capital : repenser une théorie critique du capitalisme. Quelques points essentiels de la critique de la valeur » - Clément Homs (Toulouse)
Lieu : Université de Genève, Bâtiment Carl-Vogt (Bd. Carl-Vogt 66), salle 1.
Le capitalisme ne se réduit pas au néo-libéralisme, à la finance ou à la domination d'une classe sur une autre à l'intérieur d'une ontologie du travail qui ne serait jamais remise en cause. Inspirée par Marx mais sans s’y limiter, la critique de la valeur entend actualiser et reprendre sur ses fondements, la critique marxienne de l'économie politique en procédant à une critique radicale du travail et de l’argent, de la marchandise et de la valeur marchande, de l’Etat et du patriarcat producteur de marchandises, du sujet moderne et des idéologies de crise, en recentrant la saisie de la société capitaliste au travers du concept de fétichisme réel. Le rapport-capital constituant un « sujet automate » (Marx) dont les individus et les classes ne seront dans le monde réellement à l'envers du capital, que les porteurs vivants et les instances d'exécution de sa fin en soi absurde, tautologique et destructrice. Thème que l'ensemble du marxisme traditionnel a naturalisé et délaissé, raccourcissant aujourd'hui encore l'opposition à la monstruosité croissante de ce monde, aux différentes variantes d'un anticapitalisme tronqué qui fait aujourd'hui obstacle à la possibilité même de l'émancipation.
Jeudi 6 décembre 2018
Lieu : Bâtiment de Ressources Urbaines, rte des Acacias 76, Genève.
09h30-09h45
Introduction à la journée Luca Pattaroni, Mischa Piraud, Miriam Odoni, Olivier Voirol.
09h45-12h30
Benoît Bohy-Bunel (Montpellier) « Du fétichisme qui règne dans ce monde : une introduction à l’analyse marxienne de la valeur »
Clément Homs (Toulouse) « Classes, Etat, politique et individu, au prisme de la critique de la valeur »
Pause 15 min
11h30-12h30 Discussion à partir des exposés et des textes*
Après-midi 14h00–15h00
Antonin Zurbuchen (ESSP Lausanne) « Mise au travail et critique du travail »
Pause 15 min
15h15-16h45 Discussion collective à partir des exposés et des textes
Lectures
- Jappe, Anselm, « Quelques bonnes raisons pour se libérer du travail », 2005.
- Jappe, Anselm, « La marchandise cette inconnue », in Les Aventures de la marchandise Pour une critique de la valeur, La Découverte, 2017 (2003), pp. 31-89.
- Jappe, Anselm, « Révolution contre le travail ? La critique de la valeur et le dépassement du capitalisme »
- Lohoff, Ernst, « Autodestruction programmée. A propos du lien interne entre critique de la forme valeur et la théorie des crises dans la critique marxienne de l’économie politique », in revue Illusio, Bord de l'eau, 2017.
- Postone, Moishe, « Classes et dynamique du capitalisme », in Temps, travail et domination sociale. Une réinterprétation de la théorie critique de Marx, Paris, Ed. Mille et une nuits, 2009 (1993), (extraits chap. 9), pp. 461-477.
- Postone, Moishe, « Présupposés du marxisme traditionnel », in Temps, travail et domination sociale (chap. 2), Paris, Ed. Mille et une nuits, 2009 (1993), pp. 73-113.
- Vogele, Johannes, « Le côté obscur du capital. ‘‘Masculinité’’ et ‘‘féminité’’ comme piliers de la modernité », in Illusio, n°4/5, 2007, pp. 569-583